septembre 2018
Je suis en train de pratiquer l'infrastructure écologique nécessaire. Depuis six ans, je vis totalement sans essence, créant des espaces de partage et des gîtes de passage. Je me déplace à vélo, de marché en marché – une rotation hebdomadaire des marchés – en Ariège. Cela s'appelle « la Boucle des Marchés » - infrastructure intrahumaine, et les nœuds sur chaque boucle se rattachent à d'autres marchés dans les départements voisins. Cela permet aux gens qui font leur propre voyage d'avancer en laissant des traces positives à l'échelle du pays qu'ils traversent.
Cela fonctionne dans un cadre de détox informatique, sans argent sans essence – par voie humaine.
Une parenthèse – j'essaie de m'appliquer à créer de nouveaux éléments de langage pour mieux articuler la pensée, souvent nouvelle, écologique. Ne m'en voulez pas trop ! A vous de changer cette parole, afin qu'elle devienne plus intelligible. Cette idée de créer de l'infrastructure écologique « pour du vrai » est structurée par la théorie de l'information, appliquée à la vie – une sorte de topologie dynamique, une topographie vectorielle qui engage l'agencement humain. …
Je la pratique, je la modélise, en étude longitudinale, depuis six ans – c'est donc faisable, concrètement. J'ai pensé nécessaire et utile :
Je peux ainsi dire que ce système ne coûte aucun argent, et que la structure routière en France, si on la récupérait pour la culture écologique, en elle seule fournirait des jardins, des universités et des écoles linéaires pour nourrir toute la population. Cela change les valeurs de base. Un jardin – ou une école linéaire, c'est une manière de dire que c'est au bord de la route et qu'on y passe, régulièrement, à pied, à vélo, avec des ânes peut-être.
Les routes, c'est l’État. Ce n'est pas une question de les acheter aux particuliers. Les contrats communaux des cantonniers actuels peuvent devenir des fonctions de cantonnier vert, si la commune ou la communauté de communes le veut bien.
La décision politique clé se divisera entre contrôle sociale hiérarchique et emploi humain. Sans engagement de la masse de la population sur le gros de la surface, il n'y aura pas de vote écologiquement informé – il n'y aura plus du tout de démocratie participative à la Mendès France.
Il est donc critique d'évoluer les modèles d'engagement avec le territoire – ce modèle de « boucles » à l'échelle humaine ne coûte pas cher – sa mise-en-œuvre peut être immédiate.
J'entends des cris désabusés : « mais c'est où, le modèle concret du 'Big Bang écologique' dans un délai de 10 ans' ? »
C'est sous vos nez, en Ariège, en France. Sous le radar. Par rapport au mécontentement rural et péri-urbain, j'attaque les mêmes problèmes, mais par l'autre bout. En étant parfaitement pauvre, en vrai désert rural, je peux confirmer que si nous ne sommes pas riches, nous pouvons être en grande difficulté pour vivre.
Mais cela parce qu'il n'y a presque aucune infrastructure pour les pauvres – plutôt de l'hostilité. Par contre, des routes pour les riches, il y en a.
Si les groupes écologiques cherchent des vrais projets écologiques d’aménagement du territoire, venez. Il faut que vous soyez crédibles. Pas d'hélicoptère. Que de l'intérêt général. Il faut accepter que la vie est partout – parler des villes en avance sur la campagne, c'est illusoire. Notre engagement avec la Nature est sur toute la surface – c'est pour cela qu'il ne manque pas d'emploi humain rémunéré dans un monde avec des valeurs écologiques.
Les oppositions sont conventionnels. Les élites locales sont définies par leur sédentarité. Pour créer un autre modèle, nous avons besoin que les gens de la ville viennent à la campagne aussi.
Être « domicilié Boucle » - c'est-à-dire 'qui bouge sur un circuit chaque semaine' permet de satisfaire à l'équilibre délicat entre ceux qui y passent et ceux qui y résident. Cela permet la présence plus dense de populations humaines – et un soin plus détaillé de de la biodiversité que ce qui est possible par l'économie d'échelle et la machine industrielle.
Je trouve que nous devrions en parler sur les médias – que ce serait une signe de volonté de changement réel, permettant le débat public autour de modèles tangibles de transformation écologique de l'infrastructure.
Ce qui manque, c'est le détail du témoignage de ceux qui ont vraiment fait – cela nous fait gagner des années précieuses à cette époque critique.
Parlons-en. C'est pour cela que je fais cette démarche – pour essayer de faire ma part, pour créer cette légitimité écologique qui nous fait tant défaut jusque-là.