c. 2019

une chanson, une symphonie, un film, un algorithme
des prises dans le mur d'escalade

Selon comment on les conçoit, on peut déterminer si l'un ou l'autre est hors-cadre – ou encadré.

Un cadre auto-déterminé est un cadre. Un cadre prédéterminé ou imposé est un cadre.
Hors cadre est un cadre – un peu douteux – il ne peut se définir que par rapport à un ou des cadres.
Hors piste tu suis quand même ta piste – tu la traces aussi bien si tu suis dans les traces des autres sans le savoir.

Ce sont peut-être des jeux sémantiques – mais gare à celui qui manipule l'un de ces mots pour le donner – à travers un sens restrictif, un sens général non-contingent (un sens générique).

Comme si les chemins existaient pour aller quelque part – plus loin en tous cas …

Un chemin, piste, acheminement est sûrement un encadrement. On a du mal à le concevoir autrement, on ne peut pas suivre deux pistes à la fois, en être singulier.

Et l'algorithme, la chanson, le film et la symphonie ne sont que des entités composées de constituants individuels. Une foule ne peut être « foule » que si elle est composée d'individus. Sinon, ce sont des soldats – qui marchent « synchronisés » - et encore … ?

On est en train de décrire des phénomènes qui changent – « dynamiques » (= qui bougent, qui sont plastiques, mobiles), composés d'éléments particuliers qui ont des rapports les uns avec les autres – qui varient parce qu'il y a mouvance.

Le mouvement crée le changement. Le changement crée le mouvement.

On peut constater l’existence d’un phénomène dynamique – un vélo est en équilibre dynamique, cet équilibre ne change pas, tant que le mouvement nécessaire existe – l'effet gyroscopique ne cesse qu'à l'arrêt.

Et s'il n'y avait pas de cadre – la gravité, la friction, la force des jambes sur les pédales, le vent d'en face - le cadre du vélo ne bougerait plus, sans effets encadrants.

Est-ce que les gens bougent parce qu'ils aiment bouger ? On dirait que « oui ».

En tous cas, ils s'arrangent pour bouger … ils ne sont pas des moules.

Faire bouger les choses « pour soi » - est-ce que cela vaut « bouger soi-même » … ?

Après un bon jeu de combat virtuel – mais très actif (en immersion), on est sortie de cette salle pour se détendre avec les autres combattants – boire un café.

J'ai accidentellement renversé ma tasse de café sur les genoux d'une combattante, elle n'était pas contente. Elle a quand même vidé la ½ de son café-crème dans la mienne pour compenser – et tout le monde s'est souri – mais je ne savais pas que c'était parce que ma moustache était dorénavant couverte de crème fouettée – moi j'ai juste souri comme un idiot, comme tout le monde, quoi.

Après je leur ai dit « au revoir » pour aller dormir. Nous nous étions compatibilisés en fuseau horaire mais j'avais quand même un peu de jet lag – c'étaient des Sud-Coréennes habituées à faire la fête jusqu'à tard et partout.

Moi, je devais penser à me lever pour aller à la Poste, c'était 2019 et on n'avait pas encore changé en « tout numérique » – quelle fatigue !

Cet exemple met en question les avantages de « bouger soi même » sur « bouger les objets » … [comment diable est-ce qu'on a réussi à verser, ou à « recevoir sur les genoux » une liquide chaude, venant de l’autre bout du monde ?] mais la question n'est qu'à moitié sérieuse. Il y a sans doute des manières de tromper les perceptions des gens (drogues, prestidigitation, dissonance cognitive) – de simuler le phénomène.

Est-ce que « l’ambroisie » plastique remplit le creux dans l'estomac des goélands ?

Ce qui est moins sûr, c'est que ces méthodes virtuelles pour « bouger le monde » seraient à moindre frais opérationnels. On peut s’accorder que plus la distance et la vitesse d'exécution augmentent, plus le coût énergétique augmente.

… mais pour les super-riches, au contraire, cela évite des ennuis de voisinage …en avant les océans d'information, localisée, dispersée, codée, décodée, …

Très simplement, pour faire fonctionner un tel système, il faudrait convertir la matière même de la terre en énergie – il faudrait en faire un soleil.

J'ai du mal à voir la place des êtres humains là-dedans, il ferait beaucoup trop chaud.

Cette « mise en abîme » du système « énergie à gogo » vise à remettre la réalité physique humaine (somatique) au cœur de nos activités. Le tout numérique n'est point faisable, même pas en partie.

La qualité algorithmique de la Nature, la nature algorithmique de la Vie sont assez bien comprises, de nos jours. Essentiellement les plusieurs formes de vie ont trouvé plusieurs manières de vivre ensemble – à plusieurs échelles – et souvent entrelacées – à profit mutuel, depuis belle lurette.

Cette inertie que conserve la Vie, qui maintient la Terre en état d'accueillir le Vivant – avec l'apport du Soleil, bien sûr.

L'ensemble existe de manière co-évolutionnaire depuis des milliardaires – cette machine si affûtée par l'ensemble des conditions qu'a pu nous inventer le milieu terrestre – se distille en « savoir génétique », « patrimoine protéinique », « intelligence virale ».

L'essentiel étant le captage, l'échange, la transmission entre les êtres vivants – à profit commun (globalement) – un équilibre cohérent, dynamique, adaptatif.

Une forêt peut s'oxygéner, s'humidifier. Elle peut produire des catalyseurs qui lancent des actions en chaîne. Des nuages.

Ce sont des questions techniques – qui relèvent des techniques propres au vivant – de ses « comportements ». « Faire du vélo » est une adaptation technique du comportement « marcher/courir ». Son impulsion, tant en termes d'énergie qu'en termes d'orientation, est respectivement dans les jambes et dans les mains de l'opérateur.

Tout près et aussi léger que possible. La vitesse atteinte peut ressembler à celle où le détail de l'environnement reste encore accessible à la vision, à l'ouïe, à l'odorat et au toucher humains.

Une vitesse exagérée nuit à la sensibilité humaine. Elle réduit notre champs du perceptible et ainsi notre « intelligence cadente » du milieu. En termes « scientifiques » - conceptuels donc, pas juste techniques (exécution), le vélo a beaucoup d'avance sur la technologie véhiculaire d'aujourd'hui.

Et bien plus lorsque cette technologie est motorisée – ou biaisée par l'intermédiaire d'un petit écran tactile. Tout comme les caractères de cet écrit, le petit écran, ou l'immersion 3D, permettent d'accomplir des tâches réelles – commander de la matière à distance, le fameux « pizza », par exemple.

« Sans bouger » réellement, ces machines « font communiquer » et « font bouger ». Le poids est très lourd. On ne le porte absolument pas soi-même, loin s'en faut. On ne sait plus le poids qu'on fait porter. Il existe, il n'a pas été virtualisé, mais cela ne mérite même pas d'être su.

Le vélo, la liquide bouillante, la constipation, tant de maux qui s'alourdissent, derrière notre dos, cachés par le monde virtuel.

Ce monde réel qui nous est devenu subitement opaque.