mardi 20 juin 2023

Humour

Il y a plein de trucs dans l’air du temps, des avions, des particules, …

On le voit dans les voix des humoristes, on dit un truc assez fort de jus, mais d’une voix gentille et douce. Ça passe, ça passe pas, c’est de bonne guerre.

Le gouvernement l’a compris, il a interdit l’émission de Charline Vanhoenacker (téléguidée à travers la direction - "sinon on vous homogénéise"), 4 jours par semaine partis, il ne lui reste qu’une misérable émission, contre son gré, ça va se condenser. Trop fort de jus – le gouvernement a du dire « ça suffit, elle nous prend pour des cons ». Mais c’est l’ensemble de la radio d’état qui est contre l’état, elle est devenue le seul contre-pouvoir qui vaille, dans le domaine public.

Radio locale, radio privée … pitoyables, perdues dans les vapes. Insaisissables. Mais surtout, pour celles qui ont une audience, de droite et fièrement connes. C’est donc sur la radio nationale, monopolistique, qu’on entend la voix de la révolution sociale verte, et nulle part d’autre, sauf sur Réporterre, Médiapart, Le Monde Diplomatique et quelques autres « torchons numériques de gauche » (je surenchéris, à tort, évidemment). Même les activistes n’osent pas dire ce qu’on dit sur France Inter, pour pure peur d’être accusés de radicalisme et bannis, bannis. Moi, je répète texto ce que vient de dire un expert, prix nobel, charismatique à la radio, on me dit que je gâche la fête et que je suis trop critique - mais lui, s'il le dit, ça va ... Première leçon de la critique, ici, critiques l’ennemi, jamais l’ami, critiques toi, toi-même, jamais tes alliés.

C’est l’effet « Stop le Front National », les ennemis de mes ennemis sont mes amis, front républicain, etc., bla bla. Depuis au moins quatre décennies. L’ennemi, c’est qui ? Aliène, elle est en nous, et en plus, elle nous gère, hormonalement, de l'intérieur. On ne sait plus ce qu'on pense, tellement on passe du temps à s'auto-censurer.

Juste pour rajouter le grain de sel, il se peut que, épaulé par le prestige national, invité à maudire nos gérants, on se sent en mesure d’aller plus loin que dans le débat local, où on marche sur des œufs. Voilà, c’est dit.

L’humour. Lorsque je pense aux séries anglaises des années soixante, soixante-dix, Monthy Python, Peter Cooke et Dudley Moore, et bien d’autres, l’outrage aux moeurs, le rire de soi, c’était le plan de bataille. Ce bombardement incessant de tous bords préparait le terrain pour les changements législatifs qui sont devenus le politiquement correct.

Résultat : aucune de ces émissions ne serait autorisée, aujourd’hui, en France, elles tomberaient du mauvais côté des incitations à la haine, stéréotypes raciales, etc. qu'elles contestaient. Mais les français, au temps moderne, ont toujours eu un peu plus de mal à rire d’eux-mêmes. C’est peut-être vrai pour l’Angeterre aussi, maintenant, la pomposité est contagieuse. La manière de faire à l’époque, c’était “tongue in cheek” (deuxième dégré à la enième). Sauf que les machines ne détectent ni le tongue-in-cheek, ni l’auto-critique. Pas de risques, donc, pour ne pas se trouver en stigmatisation numérique résiduelle pendant toute une vie. C'est à ce point là. Pas de risques.

La langue de bois est devenue la langue des avatars numériques. J’ai vu des gens tripoter un son sur des écrans hier soir. Ils y mettaient des modulations. La voix, elle n’avait plus rien de commun avec nous, mortels. Et ils étaient en train de chercher « le bon son ». Ils sentaient, vaguement, qu’il y avait des gens « qui n’aimaient pas ça ». Mais c’étaient eux, les professionnels. Dans toute leur ineptitude.

C’était presque une performance en soi, deux grands écrans, des sliders, des desks, des bribes de chanson en boucle, un mélange de termes de l’avant et de l’après « révolution numérique ».

Et le son, on se noyait dedans, comme des ventriloquistes. Et les sliders, dans toutes leurs couleurs, bougeaient en synchronie. Magique ! Mesmerisant. « I’ll put a Spell on you ! ».

On peut sentir que je suis un peu contre, mais que puis-je, j’essaie, c’est comme le son blanc, pour moi, toute une houle qui masque le crépitement du monde réel. « Je monte le son … et je baisse le son …, Je monte le son … je baisse le son … ». Qui a dit ça, dans une chanson, maître de cérémonies, magicien léger qui subjugue la foule – partie prenante enthousiaste, avec un petit bouton, un levier de pouvoir ? La blague !

Le son tout court, sans nuance, dosé par décibel et par fréquence. Comme si cela pouvait masquer l’autre dimension du son, son sens.

Comme le statique sur la radio analogue. Je l’entends la nuit, c’est l’autoroute qui vrille. Et subitement il y a un trou et j’entends de nouveau les petits sons furtifs des animaux autours, nus. Je commence à écouter de nouveau, alors que mon intelligence auditive s’était mise en veille. Des trous de lucidité – on les appelle maintenant « le silence » ! Toujours un mot insulte, pour l’intelligence, maintenant. Béat, Béate, où es-tu, mon amour ? Reviens, reviens, de derrière ton face mask de mazout vert !