c. mardi 17 mai 2022
Voilà, je suis encore là, dans les Cévennes, mais de justesse. Ceci est un petit message pour expliquer l'évolution du projet "Randonnées" décrit en bas, qui me paraît tout aussi légitime comme démarche écologique qu'avant, mais que j'ai délaissé pour entreprendre l'assaut d'autres sommets cévennols. J'ai roulé jusqu'à en Lozère, par col, montagne et ravine. Les randonnées citées ci-dessous, je les ai pratiquées pendant un mois, sans pour autant attirer la moindre attention ou intérêt. J'ai donc pris d'autre chemins pour mieux voir les caractères de ces montagnes, ces collines, d'une complexité topologique et botanique époustouflante dans laquelle s'imbrique une population rurale profondément héteroclite.
Le problème essentiel par rapport à la présence humaine des "pro-lifes écologiques", c'est que le milieu - le contexte rural est devenue résolument "anti-life", surtout au cours des derniers cinq ans. C'est la gentrification caractérisée de cette campagne - de cette nature, de ce vivant, qui la tue - c'est les riches qui consomment le monde, surtout dans les milieux ruraux des pays riches. Il en émerge une sorte de cohésion, sinon complicité, entre diverses élites rurales - l'omerta devient possible.
Que l'on tienne bien en compte que ces élites ne se reconnaissent souvent même pas. Est-ce que l'achat d'une maison destinée à ses enfants, avec l'argent gagné par une vie de travail, est-ce cela qui détermine la richesse ? Tout-à-fait. Des jeunes gens avec des familles, vivant en yourte et en camion ? Est-ce que leur style de vie est anti-écologique ? Mais bien sûr qu'il l'est. On parle de l'impossibilité de vivre sans voiture à la campagne, ... Mais si on est assez riche - ou le dépendant, le serviteur des riches, on peut. Et le touriste, il bénéficie des deux mondes.
On se trouve de plus en plus dans le scénario de collectivités qui réquierent, comme préalable, de l'argent, que l'argent devient l'émolument, le lubrifiant, l'objet nécessaire à cette échange sociale rurale.
Les véhicules et les portables donnent de l'autonomie à ceux qui en ont, rendant moins onéreux la présence et le passage de ces gens. On n'a même pas à "caser" ces gens. L'autonomie que donne l'argent, la "maison-voiture", le portable font que les gens s'occupent d'eux-mêmes. Le "bénévolat" fait barrière à ceux qui nécessitent rémunération pour leur travail. L'artisan payé 35 euros de l'heure qui vit "en camion" de manière "autonome" en est parfaitement conscient. Le bénévolat évite des dizaines de milliers d'euros de salaire, donne préférence à des gens de moyens indépendants. La valeur d'un investissement immobilier peut être multiplié, pour représenter plusieurs centaines de milliers d'euros de profit.
Dans ce climat surchauffé (!), le humble jardinier a parfois du mal à trouver sa place.
c. mercredi 9 mars 2022
contact email: inecodyn@singularity.fr
site web: www.cv09.toile-libre.org
On lance une expérience en transport écologique, une transhumance hebdomadaire régulière. Nous voulons ainsi développer un réseau fiable d'accueil et d'activité utile pour ceux qui traversent le pays par des moyens purement non-mécaniques, à pied, à vélo, etc. La visée est de se faire solidaires, de donner des pistes aussi pour l'intégration des réfugiés et de ceux qui nous visitent.
La première semaine (à partir de vendredi 18 mars 2021), on a marché du marché de Ganges, par Sumène sur la voie verte jusqu'au marché du Vigan. Ensuite on est passé par Saint Bresson jusquà Saint-Laurent-le-Minier. On répète l'expérience à partir du vendredi 25 mars 2021, rendez-vous sur le marché de Ganges pour ceux qui veulent! Nous cherchons à mieux sceller les liens forts au niveau local et engager les énergies de tout le monde.
En ce faisant, nous voulons provoquer la renaissance de l’esprit de l’accueil et de la mobilité humaine – des aspects plus que jamais critiques de notre humanité collective. Que nous soyons des réfugiés, des nomades, des migrants ou des habitants, nous sommes tous LÀ.
Sur les marchés, sur la voie publique, en vif et en direct, nous proposon un espace de partage. Tenus sur chaque marché par des gens désireux de promouvoir le libre flux de gens, d’information et de produits, ils donnent des lieux génériques et ouverts à tous pour le rencontre, l’accueil et l’orientation vers les plusieurs associations, groupes et individus de plus en plus actifs et productifs au niveau local … et plus loin.
Tout cela, bien sûr, dans un cadre où nos dépenses énergétiques et donc une grosse partie de nos empreintes écologiques individuelles « rentrent dans les clous » … de notre survie collective.
C’est une aventure – une expérience. Si nous réussissons à recréer des passages viables et réguliers à pied, nous pouvons en toute sincérité dire que les voitures et les routes bitumées ne sont pas obligatoires à la campagne. Nous mettons en valeur, très littéralement, une première ébauche de chemin vers l’avenir.
La seul chose qi bloque, c’est nos habitudes - notre conservatisme industriel. Il est vrai que les voitures donnent plus d’indépendance d’autrui – mais est-ce que cette autonomie de nos pairs humains est vraiment ce que nous désirons ? Le prix est chaque fois plus excessif, ne serait-ce qu’au niveau financier. Pour une personne pauvre la voiture représente au moins 4 mois de salaire à l’année (5000€). Qu’est-ce qui vaut mieux : aller au supermarché en voiture pour rentrer chez soi, ou passer la nuit une fois par semaine dans une auberge conviviale, dans la présence de ses compagnons de route, après avoir exercé son corps et son esprit en marchant par des lieux de beauté ?
D’ailleurs, s’il y a quelque chose que l’être humain sait faire, sans finance et sans réunions, c’est marcher, seul, accompagné, au choix.
La marche régulière nous enrichit à plusieurs niveaux. On peut planter, cueillir, entretenir les chemins, tout en approfondissant sa connaissance du pays et de ses habitants. En recréant des lieux de stockage en coopération avec le voisinage, on peut colporter des colis et des messages, de personne à personne, de porte à porte. Plus l’accueil et la coordination sont adéquates, plus on a de place sur le dos pour autre chose. En soi-même on devient porteur de savoir faire, de sociabilité et de force de travail. Ce genre de circuit est un cadre idéal permettant aux actifs d’apporter leurs énergies directement là où on en a besoin, à moindre coût pour nous et pour l’environnement.
La seule question qui reste: veut-on devenir libre, ou s’inféoder jusqu’à l’éternité aux machines qui sont en train de détruire notre monde ? Une autre industrie est possible.