jeudi 9 septembre 2021

Être humaniste – journaux de bord de route

crack pavement

Si l’on ne s’aime pas, comment vouloir se défendre ?
Est-ce qu’il y a des bonnes raisons pour vouloir se défendre ?

Pas encore …

Les gens vivent cachés. Pas de signe visible de vie … et son revers qui resurgit, le clannisme ostentatoire, des fois qu’on ose, ...

La place publique déserte, que des voitures et leurs intendants sur la voie publique. L’espace privé, un autre monde. À huis clos on s’épanouit, on se le défend, férocement. Les foules réprimées, l’ordre publique entretenu comme une pelouse sans accident.

Chez soi, la subjectivité tout embrassante, donc. L’autodéfonce contre les excès, les abus du toucher, objets brûlants du dernier renfort.

L’entre-soi à part, la séparation consolidée. Il n’y a pas de retissage social possible, juste des isolats pragmatiques qui attendent la reliure qui ne vient pas d’ailleurs.

Les franco-résidents ne sont pas racistes. Tout individu, vert, noir ou blanc, peut attirer leurs foudres – a-t-il lieu d’être, ici ? Ôte ton ombre de ma lumière !

vendredi 27 août 2021

Rêves d’un futur vivable

C’étaient les modernes

Je pense aux mouvements monastiques du treizième, quatorzième siècles. La modernité est un concept vieillot.

La langue-pensée

Et la langue humaine, contre la pensée en parallèle des ordinateurs, est-elle devenue caduque ? Sommes-nous « surplus to requirements » ?

S’Éffondrer

Trailblazers

Plus que Plein Emploi

Ce n’est pas nous, mais la civilisation proto-industrielle et industrielle qui disparaîtra.

Une longue fleuve agitée. Neutraliser l’espace n’est pas efficace. Le temps ne s’arrête plus pour nous.

Les Trailblazers découvrent et balisent les chemins de la nouvelle économie, au concret.

Le sous-emploi sous-traitant, obtenu par la sur-classification des millions de citoyens en « sans emploi », handicapés, maladifs de longue durée, fragiles, retraités, se verra remplacé par le travail humain d’« exister », non-assisté, de reconnexion terratoriale.

(09h04 8.9.21 : « défense des piétons en ville »entre banlieues … finalement ils ont compris … et à la campagne les carrossopelléteuses feront briller notre nature?)

Le système de « voies vertes » aura comme critère le bilan écologique et énergétique net positif des œuvres.

Society-société

L’air est pesant de l’odeur de la récolte – des effluves de maïs, de fourrage, tout azote, de masse de raisins, de pommes pressées.

On parle de la Belle France à la radio. Je n’ai jamais vu autant de laideur. La beauté ne se manifeste qu’en ruination, incrustation, lichenisation, émoussement, végétalisation, mais les dessins architecturaux monumentaux, les milliards de parpaings, le crépis, la dalle – qu’ils crèvent, tous !

samedi 28 août 2021

Le Tarn, grand et gros. Je n’ai pas mentionné la Cathédrale d’Auch, qui me semble un rare exemple du réussi dans le genre bâti, avec ses colonnes mi-doriques élancées, massives, quiètes.

Je suis devant d’autres massifs d’artifice – à Villemur-sur-Tarn, son pont en suspension, son château en briques.Le bâti, manifestation physique de la dominance humaine, dépassée par les événements, reste largement et longtemps inusitée, attend sans lendemain.

Devant ce château, sous un saule pleureux, je vois, amusé, une rectangle non-fauchée non-fardée, où poussent toutes les adventices du coin, comme des hooligans, la chicorée, le chardon, le larbin. On parle de parcs naturels URBAINS à la radio. Architectes, démissionnez !

Le mouvement du décrépit, des squats, des photographes de l’abandon, fait naître la question des sans-abris, complices en désuétude.

Qui le veut ? Le mobilhome utérin attire la vieille génération comme une exosquelette, la camion/nette les âges moyennes, les trentenaires, les quadragénaires, dans leurs délires « travellers » du grunge. Les jeunes ne s’y retrouvent nulle part, la mode réfugié – portable, chaussures de sport, pantalon de sport, T-shirt, trottinette et basta – surgit des cendres. Comme les ruminants, ils trouveront de quoi s'en sortir, sur le chemin, à l'arrache.

Being there

Après tout, le bonheur se troue dans les interstices du croisement des réseaux sociaux – plus que désincarnés, très humains, réduits à l’essensoriel – on n’aspire plus au massif matériel sinon à la liberté corporelle sans attaches visibles. La liberté mentale est déjà acquise, dans la seule « possession » qui compte, l’appui social, sa secrétaire soumise, le téléphone portable, sans lequel on n’existe nulle part.

La réphysicalisation qui se propose, d’urgence, existe dans ce contexte d'un monde contenu dans un petit objet de pouvoir. L’espoir est que la dynamie restante nous devienne le bien le plus plus précieux – comme pour les réfugiés. Pour qu’un réfugié se sente chez lui, la voie est claire – il lui faut de l’accueil – où qu’il va – ce facteur lui devient gouvernant. À défaut d'autre solution, l'essence lui achète l'autarcie illusoire en forme de voiture-bulle.

Le téléphone portable va-t-il arriver à relever le défi, face aux détenteurs de propriété et de biens massifs terrestres, des lits, des lieux, de la voirie?

Fiché, fichu

Une vie simple, en mouvement, par contre, celle d’un réfugié climatique, offre cette condition nécessaire. C’est déjà beaucoup pour cette génération naissante, bloquée de tous bords par ces vieux hippies irrécupérés de la surconsommation, de la malbouffe, de la toxicomanie. Si les jeunes à la rue s’invisibilisent – et les confinements ont servi de bon entraînement à cette fin, c’est que leurs portables, jumeaux siamois, les permettent des associations, des rassemblements de cœurs – un tissu social – malgré ce qui ne peut qu’être aperçu comme une volonté de fer en velours de la part de leurs aînés de les « encadrer », de les insérer comme des ampoules dans une société d’aliènes. Sans GPS, où sont-ils?

Soumis en extérieur, ils s’en fichent à l’intérieur : « Never a frown, with golden brown » serait l’expression équivalente de la génération « punk psychédélique » qui régit nos vies actuelles.

On peut plausiblement s’imaginer une future vélorution sur ces bases. Des routes devenues des pistes minuscules, peuplées de trotinettistes en relais, en « snatch » social passager, relié ou non par des cordes invisibles.

Comme le cam des soixante-huitards, le portable de la génération CoVIDE n’est qu’un véhicule à passager des fantaisies modèles. Ce n’est pas qu’on veut abandonner sa drogue, c’est qu’il se peut qu’elle ne sera plus de mise. Bouger son cul fait plaisir en soi. Et au proche avenir, qui voudra un portable, si on l’a, tout entier, dans sa boucle d’oreille – au plus près de sa tête ? Le visuel, l’écran mental, est assurément matériel encore, mais l’auditif en est un autre mental, en ondes.

Pour cela, par analogie, la régie « dynamie » prend toute sa résonance avec le proche-avenir probable.

On aime voir et caresser les choses qui nous sont chères, mais pour entendre, pour transmettre, on a besoin d’être audible et caresser avec sa voix.

L’écran tyrannise et inflige. Il permet peu la lecture – les mots redeviennent sigles – des signes visibles, des simulacres de substance. On redevient jaloux des oiseaux libres dans leur envol – je vois des pigeons percher au grès sur un tronc coincé au coin de la retenue riparienne. Ils sirotent les eaux poissonneuses à délice.

Il m’arrive de penser qu’à l’époque du portable, ce serait plutôt mieux d’afficher sur le front un petit panneau « non-disponible » que de le mettre sur le téléphone, comme cela on ne risquerait pas de parler avec quelqu’un en présentiel lorsque sa pensée était avec les virtuels. Juste en termes de politesse et de clarté ...

Nous sommes qui pour ne pas être jaloux des drones ? Lorsque la vie réelle de sédentaire statique devient insupportable, il faut se faire bouger dans ce bel monde. Belmondo pirouette en patinant sur le mur de la retenue, tout en grâce, vers la fabrique en briques, 1930 écrit dessus, sifflant sa fierté hydraulique d’industrielle insoumise.

Il faut mentionner ces bruits. Les bruits de l’industrie. J’ai entendu toute une émission sur la nuisance sonore, qualifiée par ses décibels, comme si l’on pouvait qualifier la puanteur de la merde en points sur l‘échelle de Richter !

C’est quand qu’un bruit devient insupportable ? Chaque voiture qui me dépasse m’offre un son devenu insurmontable, crée des milliers de concaténations de caoutchouc contre granulés bitumineux. Le pays tapi de goudron et d’échardes de terre brûlée ! Je veux le velours de la prairie douce, prête à caresser mes plantes de pied souples et nues. La nature, je me la veux douce, même dans sa sauvagerie.

Je veux renoncer à être exploitant, destructeur, pour devenir intégrateur, fédérateur, ensemble avec mes pairs.

Pourquoi ne peut exister cette Utopie ? Qui dit non ? Elle ne vient pas de nulle part, elle est juste malaxée partout.

Ces Utopies non-brutes deviennent l’aspiration – la mode – c’est en cours. En France métropolitaine – la vaste métropole rurale urbanisante que nous nous sommes créée, comme des cons, peut devenir notre monde à l’infini de demain. On peut la mesurer dans la transformation de notre bâti en harmonie et en intelligence naturelles, pas en délimiteur artifice-nature.

Nous sommes « en quête de savoir »