vendredi 26 juillet 2024

move me !
étang Gers
étang Bandstand
étang Bandstand hiver

New Model Garden .v2

Art des rizières (jp)

  • en pierre sèche

  • en mares (éphémères)

  • en hygrométricité,

  • en tanka – retenu collinaire

soutenir :

  • l’humidité relative

  • cogérer l’hydrométrie avoisinante,

  • la bio-diversité populaire

favoriser

  • le jardin potager

  • parer l’érosion et limoner par alluvion

  • hausser la gamme d’échelles trophiques de la végétation (racinaires : arbustive, lianes, petits et grands arbres, ombrages variées)

  • se désaltérer : habitats au frais, arrivages pour les animaux du coin (source)

Discussion

Une rizière est à la base une terrasse où tu peux isoler l’eau pour qu’elle stagne et fasse flux vers la terrasse en aval. Elle est une mare suffisamment constante et profonde pour soutenir les classes populaires, réduire les moustiques, mouches, taons, frelons. Un lieu d’arrivage. Cette gestion de l’eau permet de maintenir des endroits surélevés, au sec. Cette approche capacitaire, de microclimats en équilibre, enrichit l’écosystème vital, avec un rythme circadien et saisonnier, modèrant les bascules abruptes entre sécheresse et saturation.

La source, avec son bassin, est l’équivalente de l’évier ou de la douche, dans une maison humaine, mais partagée entre plusieurs et à l’extérieur. Les terrasses en vignes créent de l’ombre et les racines des vignes sont profondes. Les arbres vivants peuvent servir structurellement pour des habitats en suspension, le feuillage sert de toit qui respire, assainissant l’air. Un système de terrasses est aussi un réseau de chemins faciles d’usage, susceptibles d’être employés par des animaux brouteurs, entre haies. L’utilité des bords de terrasse est de créer des murs peuplés – des haies effectives, conduisant autant le flux d’animaux que l’eau.

Il est à signaler que le terrain jardin-forestier n’est pas compatible avec le chèvre, du fait que le chèvre peut monter également en hauteur, si la verdure est là. Les combinaisons d’arbres fruitiers, d’épineux et de vignes, au vertical, crée des niches précieuses de floraison, comme au bord des routes, donnant du nectar à diverses espèces d’insecte, etc.

Certaines terrasses peuvent servir de chemins entretenus par différents types de brouteurs, les ânes, par exemple, aiment le ligneux et peuvent entretenir à eux seuls des chemins réguliers, entre lieux de désaltération et d’ombre. Des épineux tels l’églantine ou le prunellier peuvent protéger des arbres fruitiers plus grands parmi eux. La régularité de cette présence aide à créer une ressource pour les prédateurs des taons, de l’habitat de nidification, par exemple, ou des moustiques (chauves-souris). Des serpents tels le couleuvre abordent la population de rongeurs, dans leurs trous.

En stabilisant l’habitat, niveau sol, le peuplement de taupes peut vaquer à ses affaires sans perturber vos jardins, par un système d’écoulements (béals) autour des cultures. La taupe est carnivore et défend son réseau de tunnels. Dans un lieu boisé, les taupinières ne sont que rarement visibles parce que son territoire est bien défini et stable. Les taupes, en suivant l’humidité des béals, ouvrent le sol et facilitent l’entretien des béals, qui fractionnent l’alluvion par l’aval, d’où l’on peu le récupérer pour des usages dans le potager. Le sol en bon état, plein de vie et de racines, agit un peu comme une éponge, elle absorbe une grande quantité d’eau, et pour la gorger il faut un plus grand débit.

Le tanka (Sanskrit) est le bassin d’en bas, l’endroit naturel d’écoulement et de concentration de toutes les eaux vives, purifiées et filtrées par les organismes du sol en amont. Idéalement, dans un système de terrasses de coteau, le partage des eaux se fait par l’écoulement lent d’eau à l’état liquide, et également dans les éboulis artificiels derrière les murs des terrasses, qui favorisent l’écoulement des eaux.

Idéalement, dans un système sur terrasses inondables, il y a un bassin d’en haut, et du milieu, pour complémenter celui d’en bas, il peut en résulter plusieurs dizaines de mètres cubes d’eau sur un demi-hectare. Lesdites terrasses auront tendance à pencher vers l’arrière plutôt que vers l’avant, d’être échelonnées par pan horizontal, où la canalisation des eaux se fait au bas du mur ou au milieu du sentier.

Le sentier peut incorporer des vignes en hauteur et garder une certaine fraîcheur. Des terrasses de graminées et de légumineux peuvent alterner avec des terrasses-chemins plus arbustives. Des arbres peuvent prédominer dans des lieux peu illuminés par le soleil.

À tous ces égards, le sanglier est une bête assez gênante, bien que joyeuse, au niveau de la disruption du sol, y inclus en casseur de murs et de pâtures, à la recherche de lombrices et d'autres délices. La stabilité des racines des arbres, des pierres des murs, des voies d'accès, limitera sa nocivité et les chemins aux haies indépassables les canalisera à travers les terrains sans nuisance exacerbée. Ils auront toujours tendance à aller là où il y a leur "proie" - le potager et la pelouse - et leurs disruptions peuvent bouffir et ouvrir le sol compacté, de manière positive, en bassaison à la fin des récoltes. La présence régulière des humains, de jour et de nuit, aura aussi son effet - ils planifient leurs incursions.

Dans un bon potager, les oiseaux chanteurs peuvent proliférer – il est déconseillé que des chats accèdent aux jardins, dans le cas qu’il y en a, des points de chute anti-chat deviennent importantes, haies denses, abrbustes, herbes longues, ... Des périmètres anti-chevreuil doivent atteindre les 2,50m, mais on peut les éloigner en étant présent et en rendant intelligibles les bornes de son territoire.On peut mêmemettre le compost et les autres déchets végétaux dans un endroit bien choisi, suffisamment loin de l'habitat et du potager pour donner une alternative. Ce genre de stratégie peut être très efficace pour détourner les frelons. C'est d'autant plus vrai pour les points d'eau, toujours des centres de vie.

Pour ce genre de jardin, on présuppose un paysage proche pentu, terrassé ou accidenté, dans un cadre où il existe au moins un peu de forêt bocage alentours. Il est envisagé qu’il peut y avoir des orages erratiques en été et un climat plus régulièrement humide en hiver. Dans les deux cas l’on réussit à maximiser sa récolte d’eau douce, voir potable. Dans un pays plus plat, il suffit de 10cm de dénivelé par 10m de distance entre terrasses pour créer des flux d’eau de surface sur le terrain. Des bassins en bas du terrain, bien imbriqués dans le sol et surplombés par des arbres ripariens, permettent de retenir de l’eau liquide et de la fraîcheur même en pleine canicule.

Des mottes, des digues, des murs en touffe et en pierre, soutenus par des haies, créent les limites de l’espace pour chaque jardin ou plan d’eau.

Une pensée d'ensemble émergante concerne la liberté - des animaux comme le castor - d'intervenir à leur guise pour faire des transformations majeures du paysage - en liant cette idée avec l'idée de liberté de la bio-diversité qui s'auto-construit. Je me permets de penser que ces interventions majeures, pratiquées aussi par les êtres humains font également partie de la biodiverité qui s'auto-construit. Il y a plusieeurs exemples de civilisations hydrauliques - d'il y a plusieurs milliers d'années - et l'aménagement de points d'eau dans des endroits à tendance aride est l'une de nos attributs, nous rendant plus adaptables.

Pour mettre ce plan semi-architecturel en perspective, il faut imaginer qu’un paysage non-anthropisé consisterait en arbres de taille plus variée, de clairières composées par des arbres tombées ou suspendues et de lianes qui prennent leurs opportunités où elles peuvent. Ces accidents de terrain que nous avons souvent éliminées peuvent trouver leur équivalent dans ce que nous construisons, comme paysage, surtout si nous arrivons à embaucheur des acteurs locaux (animaux et plantes).

Donner à ces participants une motivation pour faire leur boulot, qui est essentiellement de manger, il faut se préparer à voir la moitié de sa récolte donnée à la nature. Elle n’est pas perdue, au contraire elle alimente le cycle de vie qui rend le jardin fertile et productif, grâce à l’aménagement des flux d’eau. Cette eau bio-assimilable que tu fabriques et que tu retiens se distribue plus loin encore grâce à son usage comme point d’eau et abreuvoir – et aux chemins que tu as sans doute créés en allant et en venant.

La monoculture d’une espèce, surtout des espèces qui atteignent la limite de leurs tolérances climatiques comme le châtaigner, est déconseillée. Des essences accaparantes de surface, comme le hêtre ou le douglas, mais surtout comme le chêne vert, l’eucalyptus ou le faux acacia, nécessitent une attention particulière, pour leurs capacités de monopoliser des lieux. Mais si l’échelle du paysage le permet et les peuplements existent déjà, les changements peuvent suivre leurs cours selon les chutes d’arbre et autres phénomènes naturels. Les franges de bois sont importantes, elles permettent la venue d’arbres souvent adventices, de moins grande taille, d’arbustes et de lisières plus évolutives. Cela empêche les troncs nus des grands arbres et le dessous de leurs canopés d’être exposés au vent.

Le surbroutage est le résultat de parcours trop peu exploités, de dépendance pour l’alimentation animale sur les intrants venants de l’extérieur, avec des troupeaux trop grands pour la surface à leur disposition, des bergers trop peu disponibles pour les accompagner attentivement, surtout avec le laitage régulier. Chemins, points d’accès et parcelles nécessitent définition pour qu’ils servent de guides aux passants. Comme l’idée est d’éviter le transfert de masses trop pesantes à distance, la quasi-absence de rampes et une préférence pour l’escalier dans le mur vont ensemble avec des simples grues avec poulie à contre-poids, susceptibles de transférer des poids plus lourds entre les terrasses, qui font très bien l’affaire.